mercredi 10 octobre 2012

Communautarisme ou crise identitaire : de l’origine d'un mal être chez les minorités culturelles de France.


En France, il existe des communautés d’immigrés : ils vivent ensemble avec des repères qui leurs sont familiers, se préservent ainsi du choc culturel que pourrait provoquer une immersion totale et brutale dans leur nouveau pays d’accueil. Dans ce même pays, il existe aussi d'autres individus génétiquement originaires de ces mêmes régions géographiques. Acculturés, ils s’en sont cependant quelque peu éloignés. Les uns et les autres – portants tous les traits de leurs terres d’origine – sentent pourtant une terrible oppression de la part de la société française. Les premiers sont en effet accusés de communautarisme et tendent à se retrancher naturellement au sein de l’environnement qui les rassure. Les seconds sont victimes de crises identitaires dans un environnement qui les dévisage toujours comme étant marqués de différences inchangeables.


Il existe à ma connaissance un problème de société qui n’a pu émerger que parmi les immigrés et descendants d’immigrés de France très spécifiquement. En effet, il semblerait que certains principes de la république mettent ces individus dans des conditions qui rendent difficile à la fois leur repérage identitaire et leur intégration totale à la société. Les signaux envoyés par la société ainsi que les directives de l’état ne semblent en effet pas toujours cohérents, et paraissent même par moment contradictoires. Je veux souligner notamment deux éléments qui pourraient être au centre du problème. La question avaient été posée alors que le besoin s’en fait effectivement ressentir : « qu’est ce qu’être français aujourd’hui ? » Sans vouloir tomber dans le même aspect grotesque que les discours qui avaient été tenus lors de ces débats, j’aimerais juste relever deux éléments qui sont constitutives de cette identité nationale. La France serait d’une part le pays uni et indivisible. De ce principe découlerait la nécessité d’intégrer à la société tous ceux qui choisirons la France comme pays d’adoption. Sans aller jusqu’aux conditions extrêmes que fit subir Napoléon aux minorités culturelles de la France d’Empire, l’idée reste cependant de faire accepter aux immigrés que la France est leur nouvelle patrie, culture et culte de la laïcité. A cet aspect de l’intégration social vient s’apposer un autre concept plus moderne : la France aujourd’hui, serait également le pays de la liberté individuelle et de la tolérance. Par cela, il faudrait entendre que la France est un pays d’asile qui accueil toutes les cultures dans un melting-pot national, mais dans lequel les distinctions individuelles sont libres et respectées. La différence culturelle y serait valorisée et donc encouragée en tant que richesse… Alors surviennent tout d’un coup des limites et les contradictions entre l’un et l’autre de ces principes : « oui, liberté et droit à la différence distinction, mais dans la limite de la laïcité ! » ; « Non au communautarisme : on adopte le mode de vie du pays dans lequel on vit ». Certains vont répondre à cela qu’il ne faut pas tout mélanger : c’est sans doutes vrai. Ici se trouvent mêlés préjudices et incompréhension, loi et moralité, politique et société. Le constat reste le même : ces populations de France sont condamnés à la confusion.

Quelle serait pour eux la juste voie à suivre ? Faut-il poursuivre la voie de l’intégration jusqu’à renier ses origines et distinctions identitaires ? Celui qui choisi ce chemin commettrait le délit d’oublier son passé, et se ferait lui même violence. Ou faut-il plutôt vivre sa différence au risque de « troubler l’ordre social » et violer le principe de laïcité par exemple ? La solution évidente serait-elle de trouver une voie intermédiaire ? Une médiation convient évidemment dans le principe, mais elle fait subir par la société à celui qui doit l’appliquer, les conséquences à la fois du communautarisme et du renoncement identitaire.  

mercredi 3 octobre 2012

Une Islamophobie en France ? De la réaction des auditeurs de Voltage sur l'émission datant du 01/10/12 à 23h consacrée au port du voile par Diam's

L’Islamophobie se comprend aujourd’hui sur deux niveaux qu’il vaut mieux distinguer dans tous débats sur le sujet. Malheureusement, le mot est plus souvent compris et employé sous le sens d’une peur non seulement d’une religion dogmatique, mais aussi de ses pratiquants. Or dans son sens premier, être islamophobe devrait faire référence à la peur d’un système de croyances exclusivement.

Il est très intéressant de relever le caractère réactionnaire des français lorsque ces derniers sentent que le principe de laïcité a été violé. En particulier lorsqu’ils entendent l’Islam comme incarnant la menace. Le 30 Septembre 2012, la chanteuse française de rap Diam’s apparaît dans l’émission 7 à 8 sur TF1 pour présenter son autobiographie, mais avec la particularité d’être voilée. Les réactions ne se font pas attendre. Les commentaires des internautes fusent sur tous les sites qui consacrent une rubrique au sujet, et les appels téléphoniques inondent le standard des radios qui en débattent. D’un coté les défenseurs, de l’autre les contestataires de son acte. Cependant, j’ai été étonné de constater lors du débat de lundi soir sur Voltage, que les intervenants étaient presque exclusivement musulmans, et qu’il a fallut à la radio passer une annonce afin de trouver un unique interlocuteur non musulman, de Créteil. Le présentateur radio prenait en effet la précaution de poser la question de leur religion à tous les appelants. Le débat a plusieurs fois fait élever des voix parmi les participants. Je ne passerai pas à coté de l’occasion de souligner ici que la critique existe de toute évidence au sein de la communauté islamique de France, et que cette crainte de l’Islam alarme avant tout les musulmans.

Où étaient donc les autres religions du pays ce soir là? 93% des Français (IFOP 2011) n’étaient pas ou peu représentés par les intervenants au standard de Voltage. Si islamophobie il y a, ce serait pourtant à ces derniers de venir contester l’apparition sur TF1 d’une figure publique couverte d’un apparat à consonance musulmane. Si le principe de laïcité méritait d’être défendu par des citoyens responsables, ne serait-ce pas à eux plus qu’aux musulmans de venir débattre de ces sujets? Et finalement, le sentiment d’islamophobie en France ne consiste-t-il pas plutôt d'une angoisse d'une nébuleuse de l'incompris plutôt que d’une peur d’un objet défini?